 Caporal
de la garde civile, Lituma, héros du récit, mène l'enquête, qui est autant une
découverte de la sociologie d'un hameau des Andes qu'une description d'un imaginaire
culturel peuplé de vampires, de fantômes et de revenants. S'entremêlent à la progression
de cette enquête des histoires autonomes, fulgurantes et tragiques, de quelques
personnages - un jeune couple de Français, une merveilleuse botaniste, un vendeur
ambulant, etc. - qui auront le malheur de rencontrer les hommes du Sentier lumineux.
Ceux-ci sont décrits par un auteur qui les a combattus frontalement, lorsque,
en 1990, il fut candidat à l'élection présidentielle avec un programme ultra-libéral
, avec la volonté d'éclairer une logique politique, rationnelle et implacable.
Mario Vargas Llosa ne règle pas des comptes, il fait comprendre au lecteur comment
fonctionne un militant politique qui applique, sans états d'âme, des consignes
et des ordres, aussi cruels soient-ils. Le livre serait d'une noirceur absolue
et d'un pessimisme total, n'était-ce le second récit, qui, telle une fabuleuse
fleur grimpante tropicale, s'enroule autour du premier, l'accompagnant en permanence
et relatant l'histoire surréaliste d'un garde civil vierge, fou amoureux d'une
prostituée, allant jusqu'à tuer et déserter pour vivre, dans ce Pérou du désespoir,
un court moment de bonheur intense.
Une longue interview de Vargas Llosa (nécessite d'autoriser les cookies dans les options d'Internet Explorer) |